Un tiers des parents d’autistes auraient fait l’objet de signalement abusif, regrette l’association de Saint-Malo Autiste Emeraude
L’association malouine Autiste Emeraude qui a défendu Melvynn et sa famille se félicite de la décision de justice. Elle fait état d’un chiffre national : « 31,5% de parents d’autistes auraient fait l’objet de signalement abusif. »
Et au niveau local ? Pas vraiment de chiffres. Simone Bernard, à l’origine, avec son mari, de cette association en 2001, relate qu’il y a cinq ans, une avocate a été saisie pour six cas en Ille-et-Vilaine.
J’ai moi-même recueilli, à une époque, une cinquantaine de témoignage de familles bretonnes qui étaient menacées de se voir retirer leur enfant.
Selon elle, des professionnels de la santé et du social ne connaissent pas tous bien les troubles autistiques, « ce qui conduit des enfants vers des institutions où ils n’ont rien à faire. »
Quasiment tous le même parcours
Jean, formateur comme Simone Bernard, au sein de l’association est lui-même autiste de type Asperger. Il admet qu’il y a eu une évolution dans la prise en charge de ce dysfonctionnement cérébral qui touche une famille sur cent.
Mais on constate que bien des parents, la cinquantaine, ont quasiment tous le même parcours : ils ont eu un enfant ‘bizarre’, ont fait le tour des spécialistes qui, souvent, ont diagnostiqué une psychose infantile ou une schizophrénie et pas un trouble du spectre autistique.
Diagnostiqué autiste à 35 ans
C’est seulement à l’âge de 35 ans que le fils de Simone Bernard a été diagnostiqué autiste.
Pour beaucoup, ces retards de diagnostics sont synonymes d’une enfance difficile et d’une perte de chance car ils ne bénéficient pas d’un suivi adapté.
Autisme Emeraude note cependant que depuis deux ans, une plateforme de coordination et d’orientation a été mise en place pour les « troubles du neurodéveloppement dans chaque département avec de vrais spécialistes ».
Relations sociales difficiles
Le monde associatif a lui aussi son utilité. Ici, les familles (150 adhérents) se rencontrent, échangent. Des ateliers sont organisés. Un éducateur spécialisé entraîne par exemple les enfants aux habilités sociales :
« Les relations sociales sont difficiles pour les autistes. Ils apprennent comment et à quel moment dire bonjour ainsi qu’à comprendre les expressions du visage », explique Jean qui se prend en exemple :
Moi-même ne suis pas très expressif mais on apprend à lire les émotions comme les lettres de l’alphabet : avec des images.
D’après Simone Bernard, la demande de formation est énorme de la part des enseignants, des travailleurs sociaux, etc. ce qui est plutôt rassurant.
Les personnes qui « naissent et mourront autistes ont besoin d’être mieux comprises. Hypersensible aux sons, aux lumières, au toucher, elles peuvent avoir des réactions qui les feront passer pour mal élevées. Ce que l’on considèrera comme de la colère est en réalité un shutdown, un repli autistique. Un enfant autiste est souvent maladroit en raison de sa perception visuelle. Il peut alors se blesser ou se donner des coups. Le pas est vite franchi de croire à des sévices et de procéder à un signalement. »
L’association intervient également dans les classes qui sont en présence d’enfants autistes pour une meilleure compréhension de leur monde.
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